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Un sillon, une voix
19 juin 2013

La violence intérieure

La violence intérieure

 

Dans « Indignez-vous », Stéphane Hessel, récemment disparu à l’âge de 94 ans, cite Jean-Paul Sartre, qui déclarait en 1947 : «  Je reconnais que la violence sous quelque forme qu’elle se manifeste est un échec. Mais c’est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence. Et s’il est vrai que le recours à la violence reste la violence qui risque de la perpétuer, il est vrai aussi que c’est l’unique moyen de la faire cesser. ». Fort justement, Stéphane Hessel prend de la distance avec cette déclaration en ajoutant que la non-violence est un moyen plus sûr de faire cesser la violence.

Karl Marx surenchérit aux propos de Jean-Paul Sartre, en déclarant : « La violence est légitime, car nécessaire pour permettre au passé d’accoucher de l’avenir ». Ben voyons ! L’accouchement dans la douleur, comme pour vous, Mesdames !

Jean-Paul Sartre et Karl Marx,  à l’instar de tous les grands génies de l’histoire des sciences et de la pensée ont eu l’humilité en toute fin de vie de reconnaitre que leur pensée et leur travail étaient incomplets et inachevés. Je ne peux que m’en féliciter ici, au travers de cet article. De plus, en l’état, leur pensée est leur travaux furent tellement vastes qu’isoler deux phrases comme je le fais ici est toujours réducteur, bien entendu.

 

On croit souvent que la violence vient des autres. « C’est lui, il est pervers, il est violent, il est perfide, il est ci, il est là… ».  Bref, la violence ne vient pas de moi. Elle vient des autres. Si j’y ai recours, c’est juste pour me défendre, par souci de protection.

Je le déclare ici, tout net. C’est faux. La violence ne vient pas des autres, mais de nous-mêmes. Elle est en nous. Elle est intérieure. Au-delà de toute considération philosophique, politique ou sociologique, notre violence est constituée par ce que nos ancêtres nous ont transmis et qu’ils n’ont pas réglé eux-mêmes. Elle nous vient également de ce que nous avons vécu dans notre propre vie : les expériences traumatisantes, les évènements malheureux, etc. Pour ceux d’entre vous qui croient en la métempsycose, comme c’est mon cas, elle nous vient enfin de ce que notre âme a vécu au cours de nos vies antérieures. Mais même sans ce dernier contributeur, cela fait déjà beaucoup.

Cette violence intérieure est constituée d’émotions négatives (peur, tristesse, colère) qui n’ont pas été totalement « éclusées » : c’est-à-dire vécues pleinement et évacuées. En outre, le refoulement émotionnel, cher à Sigmund Freud, est un des mécanismes qui, malheureusement, empêchent les émotions négatives de parvenir à la conscience.  Mais ce n’est pas le seul.

Pour le décrire un peu, ce mécanisme est naturel. Les émotions sont générées dans les parties les plus centrales et surtout les plus « anciennes » du cerveau, à savoir celles qui ont été conçues le plus précocement dans l’histoire de la vie sur terre: les amygdales. Le traitement de l’émotion, si par chance il a lieu, est effectué dans la partie périphérique et qui a été conçue le plus récemment, à savoir le cortex cérébral. Il est naturel que l’émotion remonte du centre vers la périphérie, mais il est également naturel que certains obstacles s’opposent à cette remontée.

J’en citerai deux :

1        Les carcans éducationnels,

2        Le cerveau intermédiaire, à savoir celui qui nous permet de rechercher la récompense et de fuir la punition. Une émotion négative est considérée comme une punition.

Les conséquences de cette violence intérieure sont de plusieurs ordres :

Si cette violence se loge dans la sphère corporelle, elle empêche le bon fonctionnement du métabolisme à l’endroit où elle se loge. Nous n’avons pas énormément de preuves de ceci. Les recherches et études ne sont pas suffisamment nombreuses, notamment pour démontrer le lien entre cancer et émotions négatives refoulées. En tout état de cause, le lien entre refoulement et maux psychosomatiques n’est plus à démontrer.

Si cette violence se loge dans la sphère céleste – eh oui, nous avons une sphère céleste, ce que nous appelons « aura », en occident -, cela perturbe nos relations avec autrui. Pour ne parler que de mon cas personnel un instant, je me suis brouillé avec pas moins de treize personnes entre avril et décembre, l’an passé. Je n’en tire ni gloire, ni fierté. C’est juste pour donner un exemple.

Autre conséquence, logique compte tenu de ce qui est écrit plus haut, si rien n’est fait pour résoudre, ou à tout le moins pour amoindrir cette violence intérieure, celle-ci est transmise à nos enfants. Et ainsi de suite. Quelle fatalité !

 

Alors que faire ?

Une solution consisterait se servir des autres comme exutoire à sa violence intérieure. C’est bien malheureux. Les guerres, les conflits armés, la violence extérieure, à savoir celle qui s'exprime envers autrui, en sont l'expression. A ce sujet, j’aimerais vous parler de ma grand-tante, Simone Siboni (née Filhol).  Le 30 octobre 2001, Yad Vashem lui a décerné le titre de Juste parmi les Nations. Pendant la deuxième guerre mondiale, alors qu’elle était une toute jeune secrétaire de direction à l’hôpital d’Auch, elle a sauvé des Juifs de la déportation et d’une mort certaine. C’est une sorte de fierté, dans notre famille. Pour autant, sa réputation est sulfureuse. Elle ne s’entendait pas bien avec ma grand-mère, sa belle-sœur, du vivant de cette dernière.

Ma grand-tante vient de fêter son quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire. On pourrait croire que les tensions qui ont régné entre ma grand-tante et une partie de sa famille l'ont conservée… Difficile de dire si tel ou tel se livre à l'exercice de servir d'autrui comme exutoire. Certains faits parlent d’eux même, parfois. Pour n’en citer qu’un: le métier exercé par son fils tout au long de sa carrière: psychiatre. Pour une psychothérapie familiale? Quoiqu'il en soit, je voudrais refermer la parenthèse en rendant hommage ici aussi bien à ma grand-tante qu’à ma grand-mère. L'une et l'autre le méritent, pour tout ce qu'elles ont fait de bon dans leur vie.

Le plus important dans cette histoire est que même si l’on croit résoudre sa violence intérieure en utilisant les autres comme exutoire, on ne résout rien, en fait. C’est juste une vue de l’esprit.

 

La solution alternative consiste donc à se tourner vers soi-même, du moins pour la résolution de sa propre violence intérieure. Non pas pour l’intérioriser encore plus et s’autodétruire, ce qui peut arriver parfois, malheureusement. Mais plutôt pour tenter de la traiter.

Je ne vous parle que de mon expérience personnelle, ici. Il ne m’est pas possible de classer les démarches que j’ai entreprises par ordre d’efficacité. Je vous les cite donc en toute modestie.

Trouver un ou des espaces de parole. Une psychothérapie peut aider, bien qu’à mon avis, ce soit bien insuffisant. En outre, l’intérêt d’une analyse est précisément de faire remonter à la surface des émotions négatives refoulées. Les amis peuvent également constituer un espace de parole. A utiliser avec parcimonie, car en effet, en se confiant à eux, on peut les « polluer » sans en avoir conscience. Et retomber dans le travers que je dénonçais plus haut, celui des autres utilisés comme exutoire. De ce point de vue, avec un professionnel, on prend moins de risque.

Les soins parapsychiques. Il est difficile de concevoir que des massages par apposition des mains vont permettre de résoudre les problèmes de violence intérieure. En outre, les mécanismes ne s’expliquent pas tous. Mais force est de le constater : ça marche ! Pour autant que j’en sache, les soins parapsychiques s’appuient sur la force de la conscience pour venir nettoyer les cellules qui auraient été intoxiquées par nos émotions négatives non traitées. Même si ce n’est pas encore scientifiquement démontré, c’est comme si ces émotions négatives laissaient des traces chimiques dans nos cellules. Notamment pour les émotions qui se logent dans la sphère corporelle.

Parmi les Techniques cognitivo-comportementales (TCC), je citerai l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing): Désensibilisation et Reprogrammation par les Mouvements des Yeux. Cette théorie a été découverte en 1987 par une psychologue américaine, Francine Shapiro, membre du Mental Research Institute de Palo Alto. Elle consiste à bouger ses yeux de droite à gauche et inversement en pensant à un événement traumatique qui est resté bloqué dans les couches les plus centrales du cerveau. Le mouvement des yeux permet de faire transiter l'information traumatisante du lobe gauche au lobe droit du cerveau, et du moins l'espère-t-on, de faire en sorte qu'elle atteigne le cortex cérébral et qu'elle soit enfin traitée.

Une pratique spirituelle ou religieuse. Pour les uns, c'est se tourner vers la religion. Ce fut mon cas récemment. Cela m'a procuré des joies, mais également des déceptions. Pour les autres, c'est pratiquer la méditation. Cela m'est arrivé, de très rares fois. Le bien être ressenti en fut non seulement intense, mais relativement immédiat. En tout état de cause, je considère que la religion, quelle qu'elle soit, est une étape dans le parcours spirituel de toute l'humanité. Et que ce parcours est indispensable. Nous vivons en effet dans le but quasi-exclusif de faire grandir notre âme. Même s'il ne s'agit là que d'une croyance et non d'un savoir scientifiquement démontré, je considère que faire grandir son âme est une nécessité, s'il l''on veut amoindrir cette violence intérieure.

Une pratique artistique et culturelle, dans la mesure où elle engage le corps et l'esprit. Arts plastiques, art dramatique, musique et chant, etc. Je prendrai ici l'exemple du théâtre: la pratique de l'art dramatique permet de sortir de soi et ce faisant, de mieux se connaître soi-même. Au cours d'une audition publique, j'interprétais il y a peu un tout petit bout de l'air du Commandeur dans « Don Giovanni » de Wolfgang Amadeus Mozart. Dans cette partie de l'œuvre, le Commandeur vient chercher Don Giovanni pour l'emmener aux Enfers. Situation tendue, s'il en est! Ce tout petit bout d'interprétation m'a tout de même permis d'envoyer à la figure de mon partenaire : "Ferma un po!" (Ferme-là, un peu!). Puis, je me suis dit que je n'avais jamais tenu de tels propos envers quiconque, jusque-là.

Une pratique sportive. De la même manière, une pratique sportive engage le corps et l'esprit. Mes pratiques sportives (Qi Gong, Jogging, Musculation) me "lavent la tête". Ces pratiques donnent en effet le sentiment d'avoir la tête, plus libre, plus dégagée, après coup. Cela s'explique en partie par le fait que le sang afflue vers les parties basses du corps et relance les échanges énergétiques. C'est le cas notamment pour le Qi Gong (autrement appelé gymnastique chinoise). Cette pratique sportive, d'origine chinoise, permet, grâce à des mouvements et à des massages de faire circuler l'énergie d'un bout à l'autre du corps. En outre, cette technique à vocation exclusivement thérapeutique permet de se ressourcer en "énergies nouvelles" et d'évacuer les "énergies usées" et les tensions.

Les massages. Qu’ils soient de bien-être ou thérapeutiques, les massages ont également pour intérêt de faire circuler les énergies et de résoudre les blocages. Ils contribuent également au lâcher-prise vis à vis de son propre corps ou de celui des autres. Ils contribuent enfin à une meilleure prise de conscience de son propre corps. Nous avons tous été forgés dans un modèle éducationnel où les disciplines intellectuelles prenaient le pas sur les disciplines physiques. Et ce modèle n'évolue pas: que dirait-on d'une classe de sixième où la matière principale serait la danse, par exemple? On crierait au scandale!

En marge de ces pratiques, il est bon de citer également le recours aux différentes médecines. Le recours à un Kinésiologue m’a permis d’identifier certaines des causes de mes propres violences intérieures. L’étiopathe, quant à lui, m’a également permis de travailler sur l’une d’entre elles. J’ai enfin régulièrement eu recours à l’ostéopathie, dans la mesure où cette approche propose un soin de type holistique : le praticien traite à la fois le corps et l’esprit.

Pour clore cette liste, j’ajouterai le soutien d’un ou de plusieurs collectifs. La violence intérieure cause d’autant plus de dégâts que la personne qui en souffre est isolée. A une époque où l’on parle de plus en plus de harcèlement, de souffrance au travail et de stress, l’on sait à quel point l’isolement peut contribuer à accentuer ces phénomènes. A ce titre, plusieurs types de collectifs peuvent aider : la pause avec les collègues, les syndicats, les évènements sociaux en entreprise, les activités associatives, etc. Je développerai ce point plus en détail dans un prochain article.  Cet article sera consacré à souffrance au travail, précisément.

Il existe certainement d'autres pratiques. Je les connais moins. Voilà tout. Loin de moi l'idée de dresser une liste exhaustive. En outre, je connais moins la PNL (Programmation Neurolinguistique) tant vantée par les uns, mais tant décriée par les autres !

 

Pour conclure, j'insiste également sur l'idée qu'il ne s'agit pas ici d'une liste de recettes. C'est plutôt le compte-rendu d'un parcours personnel. Chacun doit ensuite voir "midi à sa porte". Ce qui fonctionnera bien pour l'un sera tout à fait inefficace et inadapté pour l'autre. Je suis néanmoins convaincu qu'une pratique unique est très insuffisante, quelle qu'elle soit, dans la liste qui précède. C'est une combinaison de l'ensemble de ces pratiques qui garantit une meilleure efficacité contre la violence intérieure.

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  • Devant le rouleau compresseur de la pensée unique, "Un sillon, une voix" se veut l'expression d'une pensée différente. Pensée dont le but est de remettre l'humain et l'humanité au coeur de nos préoccupations. La "Voix" est liée à ma passion pour le chant.
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