Le Printemps Arabe, 1/05/11
1/05/11 Le Printemps Arabe
Le Printemps Arabe faire référence au fameux Printemps de Prague, période qui s’échelonne du 5 janvier 1968 au 21 Août 1968, date à laquelle les troupes du pacte de Varsovie envahirent la ville, mettant fin à la tentative de libéralisation du régime communiste de Tchécoslovaquie.
Il faut croire que la saison est propice! Mais est-ce la saison, véritablement ? Bien sûr que non. Les révoltes et les révolutions qui agitent le monde arabe à présent ont bien d’autres causes que je voudrais tenter d’analyser ici.
Tout d’abord, je me suis livré à un petit exercice. Tenter de trouver des points communs à tous les régimes qui vacillent à présent. Vous trouverez le résultat de mes investigations dans le tableau joint. Mes sources : essentiellement, Wikipedia.
Pays |
Dirigeant |
Age du dirigeant |
Date de l'accès au pouvoir |
Mode d'accès au pouvoir |
Intitulé du régime |
|
|
|
|
|
|
Libye |
Colonel Muhammar Kadhafi |
69 ans |
Sept. 1969 |
Coup d'état militaire |
Régime révolutionnaire, populaire et socialiste |
Syrie |
Hafez el Hassad |
1930-2000 |
1970 |
Coup d'Etat militaire en 1963 |
Régime socialiste et panarabe |
Bachar el Hassad |
46 ans |
2000 |
Transmission héréditaire |
||
Yemen |
Ali Abdullah Saleh |
69 ans |
Juin. 1978 |
Assassinat du président en exercice |
République démocratique populaire |
Bahrein |
Hamad el Khalifa |
61 ans |
2002 |
Transmission héréditaire |
Royaume |
Egypte |
Hosni Moubarak |
83 ans |
oct-81 |
Elections présidentielles |
Parti unique: Parti National Démocratique |
Tunisie |
Zine El-Abidine Ben Ali |
75 ans |
Nov. 1987 |
Coup d'état "médical" |
Parti unique: Rassemblement constitutionnel Démocratique |
Algérie |
Abdellaziz Bouteflika |
74 ans |
Avr. 1999 |
Elections présidentielles |
République algérienne démocratique populaire |
Tableau 1 : Régimes en place au 1er janvier 2011, dans divers pays arabes agités par des révoltes, révolutions ou à des manifestations
Que constate t’on ? Les dirigeants sont, à des degrés divers, des dictateurs qui limitent volontairement les libertés dans leurs pays respectifs. Ils sont quasiment tous âgés, voire très âgés, pour le cas d’Hosni Moubarak. Le temps de leur splendeur est derrière eux. C’est particulièrement vrai pour le Colonel Kadhafi qui paradait à l’Elysée il y a si peu de temps, encore.
Pire, la plupart d’entre eux n’ont pas hésité, et n’hésitent toujours pas à massacrer leur propre population dès que celle-ci tente de se soulever. Pour exemple, je veux citer la répression sanglante de la révolte fondamentaliste en Syrie, en 1982. Cette répression, menée d’une main de fer par Hafez El-Assad a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, à l’époque.
On peut ajouter que le mode d’accès au pouvoir est rarement légitime, au sens où on peut le comprendre, en occident, de fait. C’est l’hérédité, même lorsqu’il ne s’agit pas d’un royaume, ou bien des coups d’Etat de toute sorte qui permettent à ces dirigeants d’accéder au pouvoir, bien souvent.
Enfin, il est fort intéressant de noter que tous les régimes qui vacillent ou qui ont déjà chuté à présent se réclament ou se réclamaient d’une obédience marxiste. Les intitulés des régimes comptent malheureusement sur la naïveté des peuples. Ils ont tous quelque chose de noble et de pompeux dans l’altruisme : on y lit « socialiste », « populaire », « démocratique ». Atterrant !
En fait, je pense que l’erreur commise par un bon nombre de dirigeants dans le monde, et pas seulement dans les pays cités plus haut, c’est de croire que le pouvoir est destiné à se servir. S’enrichir, jouir de privilèges pour soi ou pour les siens. Même les démarches les plus « sincères », comme celle de Zine El-Abidine Ben Ali lors de son accession au pouvoir en 1987, finissent par une dérive autocratique centrée sur l’enrichissement personnel.
L’exercice du pouvoir, c’est servir. Ce n’est pas se servir.
Par ailleurs, nous vivons une époque de transition initiée dans les années 80 et marquée par la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Les utopies marxistes vivent probablement leurs derniers temps. Le stalinisme et ses exactions les avaient déjà enterrées en son temps. Il est temps de venir à bout du stalinisme ou de ses héritages. Comme je le soulignais plus haut, ces utopies étaient surtout basées sur la naïveté des peuples ainsi dirigés, tout en étant très altruistes et très généreuses dans leur présentation.
Ceci me sert de transition pour le troisième point que je souhaite aborder. Les populations sont de moins en moins naïves. Dans le monde arabe, en particulier. Les jeunes sont de plus en plus instruits. En Tunisie, les jeunes ne supportent plus qu’avec un niveau d’instruction équivalent à celui auquel on peut accéder en Europe, les métiers et le niveau social auquel on accède soient aussi en retrait.
Pour ne prendre qu’eux, les Tunisiens savent ce qui se passe chez nous et ils savent que l’on sait ce qui se passe chez eux. L’air du temps est à Internet et à la communication tous azimuts. Personne ne peut plus s’abriter derrière un: « Ah, je n’étais pas au courant !... » Je mentionnais déjà ce point dans mon article « Mon expérience africaine », le 1er février de cette année.
Enfin, les structures sociales évoluent dans le monde arabe. La famille se recentre sur un noyau « parents-enfants » et perd de plus en plus son caractère tribal, par endroits. Bien entendu, le propos est trop général et il mérite d’être nuancé. Pourtant la tendance existe, c’est certain. Cela a pour conséquence une sorte de primauté de l’individu sur le groupe. Individu qui réfléchit par lui-même, que l’on peut opposer au groupe qui suit aveuglément son chef.
Je souhaite m’inscrire dans les processus de démocratisation que je viens de décrire, bien évidemment. Je les soutiens et je les accompagne de mes vœux. La route est probablement encore très longue. Les résistances au changement des dirigeants syrien, libyen, yéménite et autres le montrent bien. Restons vigilants.